Check B'raise Poker Club
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
-40%
Le deal à ne pas rater :
-40% sur le Pack Gaming Mario PDP Manette filaire + Casque filaire ...
29.99 € 49.99 €
Voir le deal
anipassion.com

WSOP : Enorme evenement !!!!

Aller en bas

WSOP : Enorme evenement !!!! Empty WSOP : Enorme evenement !!!!

Message  Invité Mar 8 Juin - 12:15

« Sans prise de risque, il n'y a pas de vrai jeu d'argent. Pour gagner au plus haut niveau, il faut se mettre en danger. Il faut être prêt à saigner. Il faut se placer dos au mur. Sinon, on ne donnera jamais le meilleur de soi-même. »

- Doyle Brunson, dans The Godfather of Poker.

Le dixième jour des World Series of Poker 2010, un gamin du New Jersey aux couilles d'acier a fait trembler sur ses fondations le système économique du poker tout entier, captivé les fans aux quatre coins du globe, et donné des sueurs froides aux joueurs de poker les plus riches de la planète – et cela sans même qu'ils soient assis à sa table.



Impossible d'être passé à côté de Tom Dwan si l'on a suivi de près ou de loin le monde du poker ces cinq dernières années. A 23 ans à peine, « durrrr » est déjà considéré comme une légende aux plus hautes sphères du poker professionnel, s'étant installé durablement comme le gagnant le plus gros et le plus régulier de l'histoire du poker en ligne en l'espace de quelques années seulement.

Les joueurs high-stakes... Ces individus ne sont pas comme vous et moi. Pour eux, il n'y a qu'une façon de jouer : cher, très cher, le plus cher possible. Une fois qu'on a atteint les cimes, que l'on a joué les parties les plus risquées, on a qu'une idée en tête : aller plus haut, encore et encore. Pour des joueurs comme Tom Dwan, le cash-game aura a jamais la priorité sur les tournois. Pourquoi ? Parce que seul le cash-game peut vous procurer l'ivresse de la victoire où la douleur de la défaite avec autant de rapidité. En cash-game, on peut s'assoir à la table avec un million de dollars devant soi, et voir cette somme doubler en quelques minutes.

Les dix ou quinze plus gros tournois de l'année (à l'exception du tournoi principal des championnats du monde, qui n'est organisé qu'une fois par an) offrent une dotation au vainqueur à peu près équivalente à ce que peut gagner ou perdre Tom Dwan en une journée. Pourquoi donc, dans ces conditions, perdre son temps à disputer une épreuve s'étalant sur plusieurs jours, et où un seul joueur parmi des centaines repartira millionnaire ?

La réponse : des paris aux montants exorbitants, organisés en marge des épreuves. Un outil de motivation puissant qui avait galvanisé Phil Ivey lors des WSOP 2009, remportant deux bracelets avant d'atteindre la table finale du tournoi principal, pour engranger deux millions de dollars de gains officiels, et un montant indéterminé en paris non-officiels, un montant qu'on estime à cinq ou six millions de dollars. Ces paris insensés sont le sel qui donnent au joueurs de cash-game l'envie de disputer des tournois.

« Si je remporte un bracelet cet été aux championnats du monde, je réaliserai la journée la plus lucrative de toute ma carrière. »

- Tom Dwan, s'adressant à PokerNews peu avant le départ des World Series of Poker 2010

Le 28 mai 2010, un message lapidaire était publié sur le blog officiel de Tom Dwan, lançant officiellement l'un des plus gros challenges de l'histoire du poker :

« J'accepte les paris suivants :

3,25 contre 1 pour un bracelet cette année [...]
2 contre 1 pour deux bracelets en trois ans [...]
Moi contre Phil Ivey : 2 contre 1, pari annulé si on gagne tous les deux un bracelet [...]
Moi contre Negreanu : 2 contre 1, pari annulé si on gagne tous les deux un bracelet [...]

Montant minimum des paris : 5,000 dollars [....] »

En clair, Dwan invitait n'importe qui disposant du capital minimum nécessaire à parier contre sa performance aux World Series of Poker qui commençaient le jour même. En engageant 5,000 dollars sur l'été à venir, on pouvait espérer doubler sa mise en cas de non-victoire de Dwan, mais on risquait 16,250 dollars s'il arrivait à s'emparer d'un trophée. Le challenge ne précisait pas de limite au montant des paris : en clair, on pouvait offrir à Dwan n'importe quelle somme . Comme cela avait déjà été le cas dans le passé avec d'autres challenges du même type en cash-game, il accepterait sans cligner des yeux.

L'annonce s'est répandue comme une traînée de poudre dans la communauté des pros de Las Vegas. Après cinq ans de présence sur le circuit, la réputation de Dwan en tournoi était loin d'être flatteuse, en tout cas pour un joueur de ce calibre en cash-game. La côte était belle : sentant la bonne affaire, des dizaines de pros se sont rués pour accepter l'offre : Daniel Negreanu, Huck Seed Phil Ivey, David Benyamine, David Oppenheim, Howard Lederer, Andy Bloch, Mike Matusow... Le who's who du poker s'est dressé comme un seul homme, alléché par la perspective de ce qui semblait être une affaire juteuse. Aux WSOP, il y a deux types d'épreuves : les tournois "boucherie" à 1,000 ou 1,500 dollars et les épreuves de spécialistes à 10,000$. Les premiers sont de véritables champs de mines avec leur structure rapide et des milliers de participants, et les seconds sont des affaires de spécalistes hautement qualifiés. Dwan n'avait jamais gagné un tournoi de sa vie : il n'allait pas commencer maintenant, non ?

Personne ne sait exactement le montant total des sommes qui ont été mises en jeu, mais les spéculations sont allées bon train dans les couloirs du Rio durant les premières journées des WSOP. Combien pouvait gagner Dwan en cas d'exploit ?

Cinq millions de dollars ? Dix millions ? Trente millions ? Le bruit courrait qu'à lui tout seul, Ivey risquait neuf millions de dollars. Une chose était sure : si Dwan arrivait à aller au bout d'un tournoi des WSOP, il allait collecter une somme sans précédent de la part de dizaines de joueurs, et toucher le plus gros jackpot de sa courte mais riche carrière. Une somme suffisante pour mettre à mal la santé financière de nombreux pros ayant accepté l'offre, persuadés que Dwan n'avait aucune chance de gagner.

Ainsi, durant la première semaine des WSOP 2010, c'est avec un air amusé que les pros de Las Vegas ont regardé Tom Dwan se jeter à corps perdu dans les premières épreuves du festival. Lui qui avait jusque là traité les championnats du monde par dessus la jambe semblait désormais épris d'une boulimie de tournois, disputant plusieurs épreuves en simultané, sprintant d'une table à l'autre, enchaînant les variantes n'ayant rien en commun, passant du No Limit à midi au Deuce to Seven à 17 heures, tout en ayant déjà l'œil sur le Stud High-Low du lendemain. Dwan était décidé à maximiser ses chances de décrocher un bracelet, et beaucoup de ses confrères se frottaient les mains, lui prédisant un essoufflement rapide.

Mais quand le soleil s'est levé le dimanche 6 juin, les joueurs high-stakes qui s'étaient couchés tôt la veille se réveillaient avec une bien mauvaise surprise : avec seulement vingt et un joueurs restants dans l'épreuve 11, un No Limit Hold'em à 1,500 dollars qui en avait rassemblé 2,563, Dwan était chip-leader, avec deux fois plus de jetons que son poursuivant direct. Son obstination portait – déjà ! - ses fruits, seulement neuf jours après le départ d'un festival de poker en comptant cinquante.



C'est en milieu d'après-midi que le banc de presse détecta les premiers signes d'inquiétude de la communauté des pros de Las Vegas. En retard pour débuter l'épreuve de Stud High-Low à 10,000 dollars programmée à 17 heures, David Benyamine prit tout de même le temps de s'arrêter devant la table de Dwan, se postant derrière la barrière pour le regarder remporter un énorme pot avec une simple top-paire misée sur le flop, le turn et la rivière, se faisant payer sur les trois tours par une main inférieure. C'est la première fois que je voyais David Benyamine s'arrêter pour observer une partie de poker. L'air soucieux qui se dessinait sur le visage du meilleur joueur français du monde en disait plus qu'un long discours : Benyamine savait. Il avait misé gros, et se rendait maintenant compte que, surprise, Dwan était près du but, plus près qu'il ne l'avait jamais été auparavant. Il savait que Dwan était en train de jouer son meilleur poker et allait naviguer jusqu'à la table finale avec aisance. Finie la rigolade : Dwan était investi d'une mission pour plumer ceux avaient eu l'audace de parier contre lui, et plus rien n'allait l'arrêter.

« Nice hand », dit Benyamine tandis que Dwan s'emparait des jetons.
« Oh, salut David », répondit Dwan en se retournant avec une nonchalance parfaitement calculée. « Tu passes une bonne journée ? »

Une bonne journée. Tu parles. La journée s'annonçait merdique pour de nombreux participants à l'épreuve de Stud High-Low. Par un hasard inoui, tous les pros ayant accepté le pari de Dwan étaient là, ou presque, et ils allaient être torturés pendant tout le reste de la journée, tout en disputant leur propre tournoi. Leur destin financier était dans les mains de Dwan.




Plusieurs de ces pros avaient abandonné leurs cartes, improvisant une réunion de crise à quelques mètres des tables. On se serait cru dans un film de gangsters, quand les chefs de clan se réunissent pour régler un conflit potentiellement sanglant. Les interrogations fusaient. Que faire ? Offrir à Dwan une grosse somme pour le convaincre d'abandonner le pari de suite, sur le principe du « un tiens vaut mieux que deux tu l'auras » ? Dans ce cas, il fallait être prêt à mettre le prix. Mais était-ce la bonne décision ? Dwan avait encore plus de dix adversaires à battre pour atteindre le bracelet. Ses chances étaient encore minces, non ? Fallait-il prendre le risque ?

Autour des tables de Stud High-Low, il était facile de distinguer ceux qui avaient parié de ceux qui avaient préféré rester à l'écart du challenge. Ceux qui ne risquaient rien s'amusaient de la situation, assis au premières loges pour assister à une spectacle gratuit, et profitant de la distraction collective pour se monter un gros tapis. Certains tentaient de sauver la face, assurant qu'ils n'avaient investi qu'une somme symbolique. Dans leurs yeux se lisait un message quelque peu différent.

En fin d'après-midi, il ne restait plus que neuf joueurs. Dwan avait conservé son statut de chip-leader, et fut déplacé sur le podium principal d'ESPN avec le reste des finalistes, permettant à un maximum de spectateurs de suivre la partie depuis les gradins. L'inquiétude des pros laissait peu à peu place au défaitisme. La trouille suintait des pores de quelques uns des joueurs de poker les plus riches et célèbres de la planète.

*****

Sorel Mizzi observe d'un œil attentif le ballet des finalistes s'installant à leurs sièges respectifs.

« Combien est-ce que tu risques de perdre ? », je lui demande sans détours.

« Un max », dit-il avec un sourire jaune. « Mais pas autant que certains, ceci dit. »

« Cela fait deux minutes que PokerNews n'a pas mis à jour les chip-counts », geint Andy Bloch en rafraichissant pour la dixième fois consécutive le reportage officiel des WSOP sur son Ipad. « Il en est ou ? Il a perdu des jetons ? »

Fidèle à ses habitudes, Mike Matusow ne se fait pas prier pour faire entendre son avis, sa voix portant à plusieurs tables à la ronde. « De tous ceux qui ont parié, je suis sans aucun doute celui qui a risqué le plus gros pourcentage de sa bankroll. Si Dwan gagne ce soir, je serai ruiné, et je n'ai pas honte de le dire. » Pas surprenant de la part d'un joueur connu pour son tempérament impulsif, et des décisions souvent inconsidérées. Il n'est pas le seul dans cette situation. Ce soir, ils ne sont que quelques uns à pouvoir réellement se permettre de voir Dwan remporter le bracelet – les Lederer, les Ivey, les Bloch, ce groupe de joueurs rendus multi millionaires par un investissement judicieux dans une start-up qui allait devenir en un rien de temps l'un des sites de poker en ligne les plus profitables de l'industrie. Pour ce cercle très fermé, une défaite couterait très cher, mais ne provoquerait finalement qu'une éraflure dans leur patrimoine. Les autres, comme Matusow, Negreanu, Mizzi et compagnie risquent une somme infiniment inférieure, mais qui leur coutera au final beaucoup plus cher. Une victoire de Dwan sonnerait comme un coup d'État, et un coup de balai sur la bankroll de nombre de joueurs de poker parmi les plus connus du circuit. Le moment est grave.

En regardant tous ces joueurs en train de vivre la frayeur de leur vie, une pensée me vient à l'esprit : et si tout cette agitation était le point culminant d'un plan machiavélique concocté par Dwan depuis quatre ans ? Et si durrrr s'était patiemment construit une image de joueur de tournoi médiocre durant toutes ces années, pour finalement tendre au moment opportun un piège monumental à toute la communauté des pros de Las Vegas? Une hypothèse farfelue, mais que je ne peux me résoudre à éliminer complètement.

A l'intérieur du Rio, la rumeur se propage : Tom Dwan s'apprête à faire sauter la banque. Autour des tables de cash-game à 1$/3$, dans la salle de pause des croupiers, dans la file d'attente du comptoir à sandwiches, aux urinoirs, sur le banc de presse, il n'y a qu'un seul sujet de conversation. Plus rien d'autre n'existe. Le temps s'est arrêté. Et au delà de Las Vegas, c'est toute la communauté du poker internationale qui se passionne pour cette finale, bousillant la touche F5 du clavier de leurs ordinateurs à force de l'enfoncer avec frénésie. Sur les forums de tous les pays, sur Twitter, Facebook, dans la chat-box des tables de jeu virtuelles, on spécule à tout va sur le montant des pertes que vont encaisser les pros, et les messages d'encouragements pour l'idole de toute une génération de fans de poker se multiplient de minute en minute. Dans ce combat opposant David à une armée de Goliath, tout le monde est rangé derrière David. Comment ne pas se mettre du côté de ce jeune mec de 23 ans n'ayant pas hésité une seconde avant de défier toute une communauté ?

Sur le podium ESPN, la finale a commencé depuis une heure. La partie est âpre, et loin d'être jouée d'avance pour Dwan. Ses huit adversaires ne sont certes pas des requins du cash-game comme lui, mais aucun d'entre eux n'est là par hasard. On a là affaire au casting typique des tables finales de No Limit Hold'em des WSOP : des joueurs très jeunes ayant fait leurs classes en ligne, construisant des bankrolls à six chiffres en multi-tablant douze heures par jour. Pour eux comme pour des milliers de jeunes pros à travers le monde, Dwan est un modèle, un exemple à suivre. Parfaitement conscient de ce que ses adversaires voient en lui, Dwan se sert de son image à merveille, prenant le contrôle de la table finale d'entrée de jeu. Il est le seul à qui l'on donne des walks, il est le seul pouvant se permettre de relancer aussi souvent qu'il le désire sans rencontrer de résistance.

Après un départ au ralenti, la sauce commence à prendre, et la table se retrouve rapidement amputée de quatre joueurs. Il en reste encore autant à battre et Dwan sera déclaré vainqueur. Autour des tables de Stud, les mines s'allongent, on se ronge les ongles, on se tortille sur sa chaise. Le volume des conversations décroît.

Les sens aux aguets, Dwan s'adapte, détecte les changements d'ambiance les plus subtils autour de la table. Il change de vitesse au moment opportun, resserrant quand il le faut son jeu, pour attaquer férocement la seconde d'après. Cependant, son tapis ne progresse guère, et c'est en spectateur que Dwan assiste aux éliminations, regardant un jeune joueur du nom de Austin McCormick s'emparer de la place de chip-leader. Un siège qu'il n'occupera pas longtemps : la partie est nerveuse et l'argent passe de main en main à vitesse accélérée. David Randall le remplace rapidement, et à 22 heures 30, ils ne sont plus que trois autour de la table.

A mesure que les supporters des joueurs éliminés quittent l'Amazon Room, les fans de durrr remplissent les gradins. Dwan n'a amené que quelques vrais amis pour le supporter, mais c'est l'assistance entière qui est derrière lui pour le porter jusqu'à son grand rendez-vous avec l'histoire. Ambiance de match de foot : des frissons me parcourent, ce qui ne m'arrive que très rarement devant une partie de poker. Aux tables de Stud, les pros ont compris le manège : chaque explosion de cris et de chants entendue au loin représente pour eux un mauvais signe. Un ensemble impressionnant de visages familiers sont massés dans les tribunes, des pros curieux, des jeunes joueurs online venus assister à un moment d'histoire, des croupiers au repos, des médias en pagaille... Tout le monde a conscience d'assister à un moment rare, un moment dont on se souviendra durant de longues années à venir. « J'étais là quand durrrr a terrassé d'un seul coup tous les pros de Vegas... ».

Dwan fait face à Randall et à Simon Watt, un pro néo-zélandais. La résistance s'organise : Dwan se fait sur-relancer à plusieurs reprises, et est obligé d'abandonner. Les blindes sont élevées, les tapis pas si profonds que ça. Tout peut aller très vite. Durrr est en chute libre, et n'a bientôt plus que 17 blindes. Tout peut aller très vite. Est-ce que les pros vont être sauvés ?

Mike Matusow sautille comme s'il était déjà tiré d'affaire. Il a retrouvé son sourire et plaisante à la ronde : « Ah, on est des vrais accros, pas vrai ! C'est pareil que l'héro : il nous faut notre piqure ! Peu importe qu'on gagne ou qu'on perde, du moment qu'on à eu notre dose ! »

Phil Ivey et Doyle Brunson restent de marbre. David Benyamine s'est quelque peu détendu, et Daniel Negreanu est aussi excité que Matusow : « Ça fait du bien ! », s'exclame t-il en laissant échapper un soupir de soulagement.

Un soulagement prématuré. Cinq minutes plus tard, Dwan a doublé son tapis. Il va passer les quinze minutes suivantes à bombarder ses adversaires sans rencontrer la moindre résistance. Benyamine, Matusow, Justin Smith, Brandon Adams, Sorel Mizzi : une nuée de pros se précipite vers le podium ESPN. Ils n'en croient pas leur yeux : Dwan est de retour, lui qui était au bord du gouffre un instant auparavant. Tout est à refaire, sans qu'il n'y ait rien à faire : c'est impuissants que les pros assistent au triste spectacle.

Dwan continue d'attaquer, sans accorder un seul regard à ses ennemis d'un soir. On peut presque l'entendre penser « Vous voyez, je ne vais peut-être pas gagner, mais je vais vous en donner pour votre argent jusqu'au bout. Vous allez souffrir jusqu'à la dernière seconde du tournoi. »

Un temps chip-leader, David Randall s'incline finalement en troisième place. Simon Watt est le dernier joueur à se dresser entre Dwan, le bracelet et un paquet de millions de dollars.

Watt, déjà titré lors d'une épreuve en Australie il y a quelques mois, joue pour le bracelet et 614,248 dollars. Dwan, lui, va récupérer dix, voire vingt fois plus s'il arrive à franchir cet ultime obstacle. C'est un affrontement surréaliste : lequel des deux a le plus de pression sur ses épaules ?

Il est deux heures du matin. Autour de la table, le public, si bruyant tout au long de la journée, s'est soudain fait silencieux. Tout le monde attend le grand dénouement. Les pros retiennent leur souffle. Dwan possède trois fois moins de jetons que Watt, ce qui ne suffit en rien à les rassurer. Dwan joue un poker tout en maîtrise, centré sur le jeu post-flop, et basé sur son expérience virtuellement infinie du poker en tête à tête. Il ne s'emballe pas et contrôle la taille du pot, refusant une escalade pré-flop qui pourrait lui être fatale.



Après quarante minutes, un gros pot se développe enfin. Dwan mise sur un flop dangereux, laissant apparaître un tirage de quinte et de couleur. Watt égalise l'enchère, et une carte maitresse apparaît sur le tournant : un As de coeur, complétant tous les tirages. Dwan mise à nouveau. Watt prend une longue inspiration avant d'appuyer sur la gâchette avec ces deux mots : « all-in ». Dwan secoue la tête, et jette ses cartes : son bluff a échoué. Ce sera le dernier. Quelques minutes plus tard, ses dix blindes partent au milieu : Watt a trouvé une paire de 9 et s'empresse de payer. Dwan montre une Dame et un 6. Les cinq cartes communes retournées par le croupier ne changent rien. C'est fini.

Immense soupir de soulagement chez les pros, dont la partie de Stud vient de s'arrêter exactement au même moment. Daniel Negreanu et Mike Matusow sautent littéralement de joie. Autour de toutes les tables, on se tape sur l'épaule, on s'éponge le front, on rigole, on revit. Eli Elezra éclate de rire, affichant la mine d'un gagnant du Loto : à ce moment, ces millions de dollars pas perdus ont le même goût que des millions fraichement gagnés.

Il est trois heures du matin. Simon Watt pose pour les photographes, savourant un triomphe discret qui sera infiniment moins commenté que la défaite de Tom Dwan. La salle se vide peu à peu de ses occupants. Tom Dwan s'est enfui depuis déja un moment.

*****

L'espace d'une journée irréelle, Tom Dwan a tenu le monde du poker high-stakes par les couilles, faisant vivre un enfer à des dizaines des plus grands pros, pour ne relâcher sa poigne de fer qu'à la toute dernière seconde. Il a réalisé quelque chose de rarissime : rassembler une communauté entière derrière un seul joueur : pros, amateurs et fans mélangés, tous suspendus à ses moindres gestes. Il a redonné un second souffle aux tournois de poker à la monotonie trop souvent criante, en en redéfinissant les contours et les enjeux.

C'est un coup marketing de génie, un démonstration de courage éclatante, et une déclaration d'intention imparable : là où certains proclament à tort et à travers « je suis le meilleur du monde », Tom Dwan pose une liasse sur la table, fixe une côte, et défie quiconque d'égaliser sa mise. Il y aura un "avant" et un "après" durrrr.

Le plus effrayant, dans cette histoire ? Tous les paris établis restent valables tout l'été. Ce soir, les pros sont partis se coucher tranquilles. Mais Dwan sera de retour au Rio dès demain, et la journée suivante, et ainsi de suite jusqu'au 17 juillet, dernier jour des WSOP 2010, poursuivant sans relâche sa féroce chasse à l'homme. Si vous voulez mon avis, les pros feraient bien de se préparer à de nombreuses nuits de ce genre. Durrr a touché du doigt le bracelet et est maintenant plus affamé que jamais. La question n'est plus de savoir s'il va finir par gagner un bracelet un jour, mais quand.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum